
Vous vous souvenez de la pénurie de composants pendant le COVID ? Ces cartes graphiques introuvables, ces délais de livraison interminables, ces prix devenus stratosphériques ? Eh bien, accrochez-vous : on remet ça. Mais cette fois, c'est la mémoire qui trinque. Et pas qu'un peu.
Les chiffres donnent le vertige : +172% sur les prix de la DRAM en un an. Les stocks des fabricants sont passés de 31 semaines début 2023 à... 2 à 4 semaines aujourd'hui. Autrement dit, on navigue à vue, sans filet de sécurité.
Question légitime. Pour y répondre, faisons un petit tour d'horizon des catastrophes technologiques passées.
Mars 2000. Le NASDAQ atteint 5 048 points, dopé par la folie Internet. Les investisseurs parient sur des startups sans business model, des sites web sans revenus, des ".com" sans clients. Le ratio cours/bénéfices du NASDAQ atteint 200 - contre 80 pour la bulle japonaise de 1991, déjà considérée comme délirante.
Puis la bulle éclate. En octobre 2002, le NASDAQ a perdu 78% de sa valeur. Cinq mille milliards de dollars de capitalisation évaporés. Cisco, le "NVIDIA de l'époque" - l'entreprise qui fournissait l'infrastructure d'Internet - perd 88% de sa valeur boursière. Le plus glaçant ? 25 ans plus tard, l'action Cisco n'a toujours pas retrouvé son niveau de mars 2000. Mille dollars investis au pic valent aujourd'hui... 762 dollars.
Souvenez-vous : les cartes graphiques introuvables ou vendues 2-3 fois leur prix. Les mineurs de cryptomonnaies raflaient tout. Frustrant, certes, mais l'impact restait limité aux GPU grand public. Les fabricants produisaient normalement - c'était une question de demande excessive temporaire. Durée : 12-18 mois à chaque cycle.
Impact économique massif : 210 milliards de dollars de pertes pour l'automobile en 2021, 19,6 millions de véhicules non produits. Mais les causes étaient conjoncturelles : fermetures d'usines pandémiques, annulations de commandes paniquées, incendies au Japon et au Texas, sécheresse à Taïwan. Elle touchait principalement les puces logiques, pas la mémoire. Et surtout, les fabricants voulaient produire plus - ils ne pouvaient simplement pas. Retour à la normale en 2023, après 2-3 ans de galère.
Ce qui rend la crise 2025-2028 unique, c'est sa nature structurelle et volontaire. Pour la première fois en 30 ans, HBM, DRAM, NAND et HDD sont tous en pénurie simultanée. Mais contrairement aux crises précédentes, les fabricants choisissent activement de ne pas servir le marché grand public.
La bulle dot-com était plus spectaculaire financièrement - c'était une correction de marché, une purge des excès spéculatifs. La crise actuelle est une reconfiguration profonde de l'industrie qui va durablement augmenter le coût de tout appareil électronique. Durée estimée : jusqu'en 2028 minimum, certains analystes parlent d'une décennie.
Vous l'avez compris : le coupable numéro un, c'est l'intelligence artificielle. Ou plus précisément, l'appétit insatiable des géants du cloud pour la mémoire haute performance.
Le problème, c'est que produire de la HBM, c'est compliqué. Très compliqué. Chaque bit de HBM consomme 2,5 à 3 fois plus de capacité de production qu'un bit de DRAM standard. Résultat : quand les fabricants font de la HBM pour OpenAI et Microsoft, ils n'en font pas pour votre kit DDR5.
Petit rappel géopolitique qui devrait vous faire froid dans le dos : trois entreprises contrôlent plus de 95% de la production mondiale de DRAM. Samsung, SK Hynix et Micron. Point.
Et géographiquement ? 70% de la production mondiale de DRAM provient de Corée du Sud. Les usines Samsung et SK Hynix sont situées à une cinquantaine de kilomètres de la frontière nord-coréenne. Je vous laisse méditer sur la fragilité du système.
La nouvelle est tombée le 3 décembre 2025, comme un coup de massue : Micron abandonne la marque Crucial. Fini les barrettes de RAM et les SSD pour le grand public. Après 29 ans de bons et loyaux services.
Traduisons : le segment datacenter/IA représente désormais 56% du chiffre d'affaires de Micron avec une croissance de +257% sur un an. Le marché grand public ? +2%. Vous avez compris qui passe à la trappe.
Vous pensiez que seule la RAM était concernée ? Désolé de casser l'ambiance, mais c'est l'ensemble de l'écosystème PC qui s'apprête à flamber. CPU, GPU, cartes mères, stockage... tout y passe. Voici pourquoi et comment.
AMD a officiellement notifié ses partenaires d'une hausse de 10% sur l'ensemble de sa gamme GPU. C'est déjà leur deuxième augmentation en quelques mois - la première en octobre n'était pas suffisante pour absorber l'explosion des coûts GDDR.
Le mécanisme est simple : une carte graphique contient de la VRAM (GDDR6 ou GDDR7), qui est produite par les mêmes usines que la DRAM classique. Quand la GDDR6 augmente de 30%, ça ajoute directement 10 à 15$ au coût d'un GPU 16 Go. Avec les marges successives (fabricant, assembleur, distributeur, détaillant), l'impact final pour le consommateur peut atteindre 25 à 40$ par carte.
Et NVIDIA dans tout ça ? Selon des sources industrielles, le géant vert envisagerait de ne plus fournir la VRAM avec ses GPU à ses partenaires (ASUS, MSI, Gigabyte...). Autrement dit, les AIB (Add-In Board partners) devraient se débrouiller pour trouver leur propre GDDR sur un marché en pénurie. Résultat prévisible : des cartes plus chères, des retards, voire des annulations. Le lancement des RTX 50 Super serait d'ailleurs compromis par cette situation.
Côté AMD, des sources industrielles (OC3D) rapportent que les prix des processeurs Ryzen auraient été augmentés début décembre 2025, sur l'ensemble de la gamme, des Ryzen 9000 jusqu'aux anciens modèles. Intel ne serait pas en reste, avec une hausse de 10% annoncée sur les 13e et 14e génération.
Vous me direz : quel rapport entre les CPU et la mémoire ? Plusieurs en réalité. D'abord, les fabricants de CPU possèdent souvent des lignes de production partagées ou des dépendances avec les fonderies mémoire. Ensuite, c'est un effet d'opportunité : quand tout le marché augmente, il est plus facile de justifier des hausses tarifaires. Enfin, la demande IA tire aussi sur les CPU serveurs (les Ryzen et Xeon des datacenters), ce qui réduit la capacité disponible pour le grand public.
Ici, l'effet est indirect mais dévastateur. Selon des rapports chinois relayés par HKEPC, les ventes de cartes mères chez ASUS, MSI et Gigabyte auraient chuté de 40 à 50% par rapport à novembre-décembre 2024.
La raison ? Quand un kit DDR5 64 Go passe de 210$ à 750$ en quelques mois, les gens arrêtent tout simplement d'acheter des PC. Les fabricants de cartes mères taiwanais ont suspendu le développement de nouveaux modèles et repoussé des lancements prévus pour les T3 et T4 2025 à 2026. On attend de voir comment les prix évoluent. Spoiler : probablement pas dans le bon sens.
Et maintenant, la mauvaise nouvelle que vous attendiez tous : les SSD vont exploser aussi. Le CEO de Phison (qui fabrique les contrôleurs de la plupart des SSD du marché) a confirmé que les prix de la NAND TLC 1 térabit sont passés de 4,80$ à 10,70$ en six mois. C'est un doublement en 6 mois. Et ce n'est pas fini : toute la production NAND de 2026 est déjà "sold out" - vendue par avance aux datacenters IA.
Vous vous dites : "Pas grave, je prendrai un bon vieux disque dur mécanique" ? Raté. Les HDD sont également en pénurie, pour une raison vicieuse : les datacenters, voyant les SSD devenir hors de prix, se rabattent sur les HDD pour le stockage "froid". Ce qui crée... une pénurie de HDD. On ne peut pas gagner.
Si vous pensiez échapper à la tempête en achetant un PC préassemblé, c'est raté aussi. Selon TrendForce, Dell augmente ses prix de 15 à 20% dès mi-décembre 2025. Lenovo a prévenu ses clients que les tarifs actuels ne sont valables que jusqu'au 1er janvier 2026. HP, LG et Samsung préparent également des "ajustements tarifaires".
CyberPowerPC, assembleur de PC gaming, a annoncé des hausses de prix effectives dès le 7 décembre 2025 aux États-Unis et au Royaume-Uni. Le CEO de Maingear (autre assembleur) prévient : "Les prix vont continuer à monter. Achetez maintenant si vous avez besoin d'une machine."
Même le petit monde des SBC (Single Board Computers) n'est pas épargné. Raspberry Pi a augmenté ses prix en octobre 2025, le CEO Eben Upton expliquant que "les coûts mémoire sont 120% plus élevés qu'il y a un an". Libre Computer rapporte qu'un simple module LPDDR4 de 4 Go coûte désormais 35$ - plus cher que tous les autres composants d'un SBC réunis.
La mémoire (DRAM et NAND) représente 10 à 25% du coût de fabrication d'un PC ou d'un smartphone, selon Bain & Company. Quand ce composant double ou triple de prix, c'est tout le BOM (Bill of Materials) qui explose.
Selon Team Group, la part de la mémoire dans le coût d'un PC est passée de 15% à plus de 25%, et ça continue de grimper. À ce niveau, les fabricants n'ont que trois options : augmenter leurs prix, réduire les specs de leurs machines, ou vendre à perte. Devinez laquelle ils choisissent.
Et si cette crise de la mémoire déclenchait un effondrement économique dans le secteur de la distribution informatique ? L'hypothèse n'est pas exagérée - elle est déjà en cours.
Le groupe LDLC - qui a racheté TopAchat, Materiel.net, Rue du Commerce et d'autres - vient de publier ses résultats 2024-2025. Et c'est la douche froide :
Le plus grave ? Un Plan de Sauvegarde de l'Emploi (PSE) a été validé en mai 2025 pour LDLC et sa filiale OLYS, avec 5,2 M€ de provisions. LDLC licencie. Et ça, c'est avant les hausses de prix Dell/Lenovo. Avant la vraie pénurie.
Vous connaissez Micromania ? Cette enseigne de jeux vidéo où, ironiquement, on trouve aujourd'hui plus facilement une figurine Pop qu'un jeu PS5 ? C'est le parfait exemple d'une entreprise qui, face à une disruption de son marché (la dématérialisation), s'est tellement diversifiée qu'elle a fini par perdre son identité.
LDLC et les distributeurs informatiques risquent le même sort. Face à l'impossibilité de vendre des composants devenus hors de prix ou introuvables, ils pourraient :
GameStop (maison-mère de Micromania) a mis l'enseigne française en vente en février 2025. 350 magasins, 1 200 emplois menacés. Le retail spécialisé est en train de mourir, et la crise mémoire va accélérer cette mort pour l'informatique.
Sur Twitch, des chaînes comme MonPetitPC, SueurPC, TopAchat TV ou d'autres ont démocratisé le montage de PC. Leur modèle repose sur des commandes de viewers - du PC bureautique à 500€ jusqu'au monstre gaming à 5000€.
Ce qui va se passer est prévisible : le segment "petit budget" va s'effondrer. Un PC gaming entrée de gamme qui coûtait 800€ va passer à 1000-1100€. Pour beaucoup de viewers - souvent jeunes, étudiants - ce n'est plus accessible. Les lives "montage de PC abordables" vont se raréfier, faute de commandes.
Seul le haut de gamme survivra. Ceux qui mettent 3000-5000€ dans une config peuvent absorber 500€ de surcoût. Mais c'est une niche.
Et SueurPC dans tout ça ? Lui qui a élevé le râlage en art de vivre va avoir une mine d'or de nouveaux motifs d'exaspération. Entre les prix délirants, les viewers qui demandent des configs impossibles à ce budget, et les stocks en rupture... Bon courage à son chat et à sa patience. Enfin, si patience il y a.
Face à des prix du neuf prohibitifs, il reste une solution : l'occasion et le reconditionné. Et ce marché va exploser.
Souvenez-vous des crises crypto et COVID : les cartes graphiques d'occasion se vendaient à des prix fous sur Leboncoin, eBay et les forums spécialisés. La même dynamique va se reproduire pour la RAM et les SSD :
Si vous avez gardé vos vieux kits de RAM ou votre PC obsolète, c'est peut-être le moment de les vendre. Et si vous les avez jetés... mes condoléances.
Pour les PME informatiques locales, le reconditionné va devenir central. Back Market, Certideal et consorts ont déjà le vent en poupe. Un Dell OptiPlex reconditionné à 300€ avec un i5 de 10e génération fait très bien le job pour 90% des usages bureautiques.
Question légitime : si les fabricants décidaient de "juste produire plus", combien de temps faudrait-il pour sortir de la crise ?
Si Samsung, SK Hynix et Micron décidaient demain de maximiser leur production pour le marché grand public :
C'est là que le bât blesse. Les fabricants ont explicitement déclaré ne pas vouloir surproduire. Pourquoi ? Parce qu'ils ont été traumatisés par le cycle 2018-2019 : après le "supercycle" mémoire, les prix ont chuté de 33% en un an. Ils ont perdu des milliards.
C'est une pénurie organisée, pas une pénurie subie.
Plusieurs scénarios pourraient inverser la tendance :
Probabilité que l'un de ces scénarios se produise rapidement ? Faible. Les fabricants ont le rapport de force. On est partis pour 2-3 ans de galère minimum.
Question que beaucoup se posent : puisque les fabricants de mémoire font des profits records, ne serait-il pas malin d'investir dans leurs actions ? Tentant, mais attention aux pièges.
SK Hynix affiche +96% en 2025, détient 62% du marché HBM, et ses revenus Q3 ont bondi de 39%. Micron voit ses revenus grimper de 49% et son bénéfice par action exploser de 538%. Samsung dégage 40% de marge opérationnelle sur la DRAM standard, 60% sur la HBM. Le marché HBM devrait passer de 17 milliards $ en 2024 à 98 milliards $ en 2030.
Mais souvenez-vous de Cisco. En mars 2000, l'entreprise était dans une position similaire : leader incontesté, infrastructure essentielle pour la nouvelle économie, profits records. Les investisseurs se bousculaient. Résultat : 1 000$ investis au pic valent 762$ aujourd'hui, 25 ans plus tard, dividendes réinvestis inclus.
La différence avec NVIDIA ? Les analystes notent que NVIDIA a des marges en expansion (Cisco les voyait se contracter) et un ratio PEG sous 1.0 (contre 9+ pour Cisco au pic). Mais les fabricants de mémoire sont bien plus cycliques que NVIDIA.
SK Hynix investit 500+ milliards de dollars dans de nouvelles usines. Quand ces capacités entreront en production (2027-2029), si la demande IA ralentit ou si la "bulle IA" éclate, on pourrait voir un crash des prix similaire à 2018-2019 (DRAM -33% en un an après le supercycle précédent).
Morgan Stanley vient de dégrader Dell, HP et HPE de "Buy" à "Sell", citant le "cost shock" à venir. Les fabricants de PC souffrent. Mais les fabricants de mémoire ? Tant que la demande IA tient, ils prospèrent. Tant que.
Question légitime. Réponse : parce que la physique et la chimie n'en ont rien à faire de nos délais de livraison.
Le délai entre l'extraction des matières premières et une barrette de RAM dans vos mains est de 16 à 26 semaines minimum. Et ce délai est fondamentalement incompressible.
Et construire une nouvelle usine ? 3 à 5 ans minimum, pour un coût de 20 à 40 milliards de dollars. L'usine Micron annoncée à New York en 2022 ne produira pas avant 2029-2030. Les nouvelles lignes de production NAND ne seront pas opérationnelles avant fin 2027, selon Phison. Autant dire une éternité.
Spoiler : à peu près tout le monde, mais pas dans les mêmes proportions.
Les grands perdants. Ces appareils utilisent de la DDR4 "legacy" avec des cycles de vie de 10+ ans. Impossible de migrer rapidement vers la DDR5. Et la DDR4 coûte désormais plus cher que la DDR5 - une aberration historique due à l'abandon progressif de sa production. Plus de 80% des fabricants IoT font face à des difficultés de production.
Les véhicules électriques nécessitent plus de 770 puces contre 560 pour un véhicule thermique. Et avec des cycles de conception de 5-10 ans, l'industrie ne peut pas s'adapter rapidement. Le PDG de SMIC a avoué : "Personne ne sait combien de puces mémoire seront disponibles pour l'automobile."
Microsoft a déjà augmenté le prix de la Xbox Series X deux fois en 2024 (de 499$ à 649$) et prévient d'une troisième hausse. La mémoire représentera plus de 35% du coût des consoles d'ici 2026. Sony, qui avait stocké préventivement de la GDDR6, s'en sort mieux... pour l'instant.
Les kits DDR5 64 Go sont passés de 209$ à 650$ (voire 750$ pour certaines références DDR5-6000). Un kit DDR4 256 Go dépasse désormais les 3000$. TrendForce a revu à la baisse ses prévisions de production de notebooks pour 2026 : -2,4% au lieu de +1,7% initialement prévu. La production de smartphones est également revue à -2%.
Préparez-vous à des arbitrages douloureux.
Quelques conseils : passez vos commandes critiques maintenant si vous avez du budget 2025 disponible. Prévoyez une marge de 20-25% dans vos budgets 2026. Et documentez la situation pour vos élus - ils devront comprendre pourquoi le même budget achète moins de matériel qu'avant.
Question pertinente. L'architecture mémoire unifiée des puces Apple Silicon (M1/M2/M3/M4) utilise de la LPDDR5X soudée directement sur le substrat. Apple bénéficie aussi de contrats pluriannuels négociés des années à l'avance - dès 2005, Steve Jobs avait prépayé 1,25 milliard de dollars pour sécuriser l'approvisionnement flash.
Mais Apple n'est pas immunisé. Et voici le plot twist : NVIDIA a récemment pivoté vers la LPDDR pour ses processeurs IA Grace et Vera. Chaque CPU Grace embarque 480 Go de LPDDR5X - l'équivalent de 30 à 40 smartphones premium. Counterpoint Research parle d'un "changement sismique pour la chaîne d'approvisionnement". NVIDIA devient soudainement un client de l'envergure d'un grand fabricant de smartphones, sur un marché qui ne peut pas absorber cette demande.
Étonnamment, oui. Cette pénurie pourrait accélérer l'innovation vers des modèles d'IA plus efficients.
On observe une transition d'un paradigme "scale-first" (toujours plus gros) vers un paradigme "right-size-for-task" (la bonne taille pour la tâche).
CXMT (ChangXin Memory Technologies) est le principal challenger chinois, avec une capacité de 170-200 000 wafers par mois et une part de marché d'environ 5%. Ils visent 10-15% fin 2025.
Mais ne vous emballez pas : le retard technologique reste significatif.
La Chine investit massivement : le "Big Fund III" a levé 47,5 milliards de dollars en mai 2024. Mais une parité technologique réaliste n'est envisageable qu'en 2027-2028 pour les produits mainstream et 2030+ pour les technologies de pointe.
J'ai cherché, promis. Le recyclage de mémoire est techniquement faisable (on peut récupérer 99,9% du gallium), mais économiquement marginal. Moins de 1% de la demande en terres rares est satisfaite par le recyclage aujourd'hui.
Les technologies mémoire alternatives (MRAM, ReRAM, FeRAM) existent mais ciblent d'autres usages. La FeRAM, candidate la plus prometteuse pour remplacer la DRAM, ne sera pas adoptée massivement avant... le début des années 2030.
CXL (Compute Express Link) est la vraie solution à court terme. Cette technologie permet d'ajouter de la mémoire via les ports PCIe plutôt que les slots DIMM, avec un pooling dynamique entre serveurs.
Environ 50% de la mémoire datacenter est aujourd'hui "stranded" (allouée mais inutilisée) - CXL permettrait une utilisation proche de 100%. Adoption massive prévue en 2026-2027.
Soyons honnêtes : pas avant fin 2027, voire 2028. Certains analystes parlent même d'un "apocalypse tarifaire" pouvant durer une décennie si la demande IA continue sur sa trajectoire actuelle. Et encore, sous réserve que les nouvelles capacités annoncées (SK Hynix investit 500 milliards de dollars dans quatre nouvelles usines) entrent effectivement en production. L'histoire nous a appris que ces projets sont systématiquement retardés.
D'ici là ? Les prix continueront de grimper. Les délais de livraison resteront longs. Les particuliers seront systématiquement relégués au second plan face aux hyperscalers. Et ce n'est plus seulement la RAM : c'est l'ensemble de l'écosystème informatique qui entre en zone de turbulences.
Cette pénurie n'est pas un simple cycle conjoncturel : c'est une reconfiguration profonde de l'industrie. Les fabricants ont fait le choix rationnel de prioriser la HBM haute marge pour l'IA au détriment des autres segments. Nous, simples mortels avec nos PC de bureau et nos projets de HomeLab, ne sommes plus la priorité.
Mon conseil ? Si vous aviez prévu un upgrade - que ce soit RAM, SSD, GPU ou même un PC complet - ne traînez pas. Les prix actuels, aussi douloureux soient-ils, pourraient bien être les "bonnes affaires" de demain. Et si votre config actuelle fonctionne encore... chérissez-la. Elle vaut désormais son pesant d'or.
Ah, et si vous avez stocké de la RAM l'année dernière quand les prix étaient au plancher ? Félicitations, vous êtes officiellement un génie de la finance. Ou alors vous avez juste eu de la chance. Dans les deux cas, ne la revendez pas sur eBay. Enfin, faites ce que vous voulez, mais vous voyez l'idée.
| De Benzil70 le 08-12-2025 à 17:21 | |
| Je voulais changer mon ordi mais visiblement ça pu :/ |